La coeur à la sieste
Thursday 2 February 2012
Je me suis étendu sur le lit, la face la première. Je n'avais retiré que ma veste, ai dormi un quart d'heure, vingt minutes au mieux, tandis que le soir installait lentement sa pénombre dans la pièce.
Au réveil je ne me sentais plus vraiment réel. Une situation, fut-elle sans problème, revêt une allure angoissante dès lors que l'on ne sait plus qui l'on est.
Mon téléphone était resté en suspens sur cette case vide, une réponse de moi que je ne parvenais pas à écrire, depuis le matin. J'ai rédigé lentement, pris dans le renfrognement d'un demi sommeil encore lourd, un message cruel.
Je suis un menteur, et je ne parviens pas à m'y reconnaître.
L'air extérieur se précipite sur le visage et le saisit. Une pluie fine le compose, qui se fige en minuscules auguilles avant de percer la peau ou de saupoudrer les rues. J'achète au tabac qui s'apprête à fermer un paquet pour n'en fumer qu'une. Prétexte, sans doute, à une circulation sans but défini, dans la petite ville silencieuse qui a pris ses congés d'hiver.
Au bord du lac Léman, dont on ne distingue que la masse vide et noire le long de la jetée, les ingrédients des lumières, de la neige, de l'opulence ancienne d'une architecture Art Nouveau et d'une ville balnéaire figée dans le gel produisent une sensation surréelle, qui ne parvient pas vraiment à me sortir de mon état obtus.
J'ai allumé la cigarette au sortir d'une visite superficielle du hall d'entrée du Palais Lumière. Ces décors sont beaux, assurément, il est une magie certaine dans ma déambulation solitaire, mais je ne la ressens qu'à peine. Les pas qui s'impriment dans la neige témoignent de mon privilège, et pourtant.
Retour par de petites rues où les âmes sont rares. Tout est étrange, je suis toujours ce même menteur, mais le froid cinglant qui s'est emparé de celle des deux mains qui alternativement actionne le mégot, celui-là n'est pas un mensonge. Bonheur de sentir que la mission jusqu'ici indéfinie accomplit son but, celui du retour à la réalité charnelle, à l'expérience douloureuse, exaltante, des éléments et des sens qui composent le vivant. Presque, parviens-je à regretter de n'avoir pas emmené mon reflex en balade.
J'étais gelé en revenant à l'hôtel.
Je reprend la grosse clé de bois au crochet du casier 38. Hier soir, ici, m'attendait une lettre. Un courrier d'une main jeune, et qui tremblait sans doute.
Menteur. Menteur que de faire croire que je puis aimer encore.
A la petite table de bois, sous l'abat-jour rustique, j'écris.
Au réveil je ne me sentais plus vraiment réel. Une situation, fut-elle sans problème, revêt une allure angoissante dès lors que l'on ne sait plus qui l'on est.
Mon téléphone était resté en suspens sur cette case vide, une réponse de moi que je ne parvenais pas à écrire, depuis le matin. J'ai rédigé lentement, pris dans le renfrognement d'un demi sommeil encore lourd, un message cruel.
Je suis un menteur, et je ne parviens pas à m'y reconnaître.
L'air extérieur se précipite sur le visage et le saisit. Une pluie fine le compose, qui se fige en minuscules auguilles avant de percer la peau ou de saupoudrer les rues. J'achète au tabac qui s'apprête à fermer un paquet pour n'en fumer qu'une. Prétexte, sans doute, à une circulation sans but défini, dans la petite ville silencieuse qui a pris ses congés d'hiver.
Au bord du lac Léman, dont on ne distingue que la masse vide et noire le long de la jetée, les ingrédients des lumières, de la neige, de l'opulence ancienne d'une architecture Art Nouveau et d'une ville balnéaire figée dans le gel produisent une sensation surréelle, qui ne parvient pas vraiment à me sortir de mon état obtus.
J'ai allumé la cigarette au sortir d'une visite superficielle du hall d'entrée du Palais Lumière. Ces décors sont beaux, assurément, il est une magie certaine dans ma déambulation solitaire, mais je ne la ressens qu'à peine. Les pas qui s'impriment dans la neige témoignent de mon privilège, et pourtant.
Retour par de petites rues où les âmes sont rares. Tout est étrange, je suis toujours ce même menteur, mais le froid cinglant qui s'est emparé de celle des deux mains qui alternativement actionne le mégot, celui-là n'est pas un mensonge. Bonheur de sentir que la mission jusqu'ici indéfinie accomplit son but, celui du retour à la réalité charnelle, à l'expérience douloureuse, exaltante, des éléments et des sens qui composent le vivant. Presque, parviens-je à regretter de n'avoir pas emmené mon reflex en balade.
J'étais gelé en revenant à l'hôtel.
Je reprend la grosse clé de bois au crochet du casier 38. Hier soir, ici, m'attendait une lettre. Un courrier d'une main jeune, et qui tremblait sans doute.
Menteur. Menteur que de faire croire que je puis aimer encore.
A la petite table de bois, sous l'abat-jour rustique, j'écris.