La première pose
l'eau qui dort
Aujourd'hui dans mon garage, je fus saisi de l'intention d'écrire ; ce n'était pas bon, mais c'était là ; quelque interstice mal scellé ou mis à mal par les émotions de ces jours derniers aurait laissé filtrer cette pulsion qui me fit empoigner un gros crayon de charpentier et griffonner sur un bout de carton couvert de sciure, d'un trait, ces mots :
Je m'observe et pense
que se dépose sur nos vies
le voile pâle du temps
Si le monde brûle
et les hommes sont en colère
je n'ai en mon coeur
que de vastes prairies
celles d'autrefois, teintées d'enfance
Couvertes de fleurs sauvages
Libres et effrontées.
Nul ne saurait pourtant
cueillir chaque pâquerettes, chaque trèfle
et le chérir
Je ferme les yeux, referme mes pensées
Allongé dans la mousse
Et la rosée éteint
mon âme passionnée
Voilà une excuse bien facile, mais s'il fallait remonter l'immense pente de la négligence artistique il faudrait pour le moins accepter un pardon à soi-même...